Il y a maintenant presque douze ans et bientôt trois Coupes du monde, la France perdait en finale face à l’Italie au terme d’une séance acharnée et angoissante de tirs au but. Qui n’a pas eu la gorge serrée en repensant à ces douloureux moments pour la fierté du supporter ?
Mais c’est le principe même de tirs au but qui entraîne ces situations ubuesques. Finalement c’est une drôle d’idée de confier successivement à tous les joueurs la responsabilité individuelle de faire tenir leur équipe un tour de plus. La victoire en finale du plus gros événement sportif de tous les temps peut reposer sur les épaules – et au coin du pied – d’un seul joueur, quand on nous promettait un sport collectif. Et puis pourquoi décider de donner cette responsabilité encore plus lourde au gardien puisque sur l’un des deux se cristalliseront toutes les peines et les regrets des supporters de l’équipe vaincue ? Une part trop grande est laissée au hasard.
Bien sûr cette question n’est pas nouvelle et des solutions ont déjà été proposées à maintes reprises pour améliorer, modifier ou même supprimer ce système. Tout d’abord, une innovation progressivement introduite dans les règlements a consisté à modifier les « schémas » de jeu. C’est-à-dire qu’auparavant, une équipe tirait le premier tir au but, puis les deux équipes se succédaient alternativement en suivant un ordre ABABAB (A et B sont les deux équipes). Mais un débat entre acteurs du foot, supporters ou membres des confédérations a permis d’identifier un modèle ABBABA qui serait plus fiable dans un souci d’égalité. Ici, la deuxième équipe à jouer tire deux fois de suite avant de continuer sur une alternance binaire. L’enjeu est de gommer l’avantage d’être la première équipe à engager.
Si l’on veut aller plus loin, une proposition a fait beaucoup de bruit dans le monde du ballon rond. C’est là une étude du « Journal of Sports Economics » dans laquelle plusieurs économistes du sport proposent de jouer la séance de tir au but avant de jouer les prolongations. Dans ce cas, dès que les prolongations seraient rendues nécessaires, la séance de tir au but serait jouée avant et se terminerait par la victoire d’une des deux équipes. Mais ce résultat ne serait pris en compte que si les prolongations jouées ensuite débouchaient sur une égalité. Ce fonctionnement inédit pourrait augmenter l’agressivité des équipes lors des prolongations en donnant « l’énergie du désespoir » à l’équipe virtuellement perdante. En effet, une victoire lors des prolongations effacerait le résultat des tirs au but puisque leur raison d’être disparaîtrait.
Pour aller examiner encore d’autre solution, il est possible d’imaginer une augmentation du temps des prolongations. Même s’il faut reconnaître que les tirs au but ont cet avantage de trancher le suspense bien plus vite en évitant à deux équipes bien fatiguées de s’épuiser dans un jeu stérile et inintéressant à regarder.